Blog de la CGT des Centre Hospitalier de Pont-à-Mousson & Pompey Lay St Christophe
11 Octobre 2025
À l’EHPAD Joseph Magot, une réunion de travail a réuni direction, soignants et représentants du personnel pour faire le point sur les finances, l’organisation des soins et les perspectives. Un échange clair et participatif qui éclaire les mécanismes de financement, les contraintes quotidiennes et les projets à venir.
Lors d’une réunion récente à l’EHPAD Joseph Mago, faisant suite à une « coupe » GIR/Pathos réalisée en mars 2025, la direction de l’hôpital de Pont-à-Mousson et du site, aux côtés du Dr Durantet, a présenté les ressorts budgétaires d’un établissement public et leur impact sur les postes et la prise en charge. Autour de la table, aides-soignants, infirmières, psychologue et représentants CGT ont échangé sur les recettes-dépenses, la traçabilité des soins et les ajustements organisationnels nécessaires.
Au cœur des explications, deux outils structurants : le GIR, qui mesure la charge de travail aide-soignante, et le Pathos, qui évalue les soins médicaux requis. « Le GIR ne mesure pas l’autonomie potentielle, il met en évidence une charge de travail aide-soignante », a rappelé le Dr Durantet, soulignant l’importance d’une cotation rigoureuse pour ne pas sous-estimer les besoins. La coupe de mars 2025 fait apparaître un GIR pondéré au-dessus de la moyenne nationale et une progression de 61 points en Pathos, signes d’une population plus lourde et de traçabilités renforcées.
Côté finances, l’établissement fait face à un déficit de 164 000 €. Les comptes détaillent -143 000 € sur le volet soins, -57 000 € sur la dépendance et un léger excédent de 37 000 € sur l’hébergement. Trois sources structurent les recettes : l’hébergement (environ 2000 € par mois), la dépendance (dotation départementale et ticket modérateur) et les soins (assurance maladie corrélée au GIR/Pathos). Habilité à 100 % à l’aide sociale, l’EHPAD rappelle que « un résident qui ne peut pas payer peut être pris en charge par le conseil départemental ». Pour sécuriser l’avenir, des travaux prioritaires de désenfumage mécanique sont programmés, nécessitant un emprunt et une revalorisation des tarifs d’hébergement proposée au Département.
Les équipes de direction ont insisté sur l’importance d’un taux d’occupation supérieur à 98 % pour équilibrer les comptes, dans un contexte où l’activité est proche de 100 % depuis 2023. Mais la tension budgétaire pèse sur les recrutements : « On ne peut pas recruter autant qu’on voudrait », a concédé la direction, tout en affirmant pouvoir embaucher « dans les dix minutes » si une dotation dédiée était assurée. Sur le terrain, la charge mentale et physique se traduit par des arrêts, des remplacements coûteux et des soins compressés. Un travail d’audit et d’ajustement des horaires, des missions AS/ASH et de la traçabilité est engagé, avec un objectif : mieux répartir les compétences et sécuriser les pratiques.
Au-delà des chiffres, le débat pose une question éthique : le modèle actuel rémunère davantage quand la charge en soins est lourde, une logique contestée mais toujours en vigueur. Entre projets d’ouverture (tiers-lieu « Café magot ») et pistes d’amélioration (PASA si l’ARS lance un appel), l’établissement cherche à « faire mieux avec ce qu’il a », sans faire porter le coût aux plus modestes. Reste une interrogation centrale pour le territoire : comment concilier sécurité, qualité de vie et soutenabilité financière, tout en donnant aux équipes les moyens d’accompagner dignement le grand âge ? Une réflexion que la direction propose de poursuivre avec des données objectivées et des décisions partagées.
Notre survie dépend de la sécurisation de financements dédiés et de la concentration sur les leviers sous notre contrôle direct.
Prioriser les initiatives qui attirent de nouveaux financements dédiés plutôt que de réallouer des ressources internes déjà rares.
Concentrer l'énergie sur les améliorations sous notre contrôle direct face à l'incertitude systémique.
Les investissements en sécurité et conformité sont des prérequis non négociables pour toute évolution future.
Le système financier actuel est en conflit direct avec nos objectifs de prise en charge, créant des incitations perverses et des déficits structurels.
Le financement récompense la gravité des cas plutôt que le bien-être, épuisant les équipes de première ligne.
La logique financière imposée s'oppose directement à la logique de soin du personnel de terrain.
Les nouveaux revenus comblent les déficits existants au lieu de financer le soin, au détriment du soignant
Le sous-effectif chronique n'est pas une économie mais une dette qui dégrade mécaniquement la qualité du service.
L'épuisement du personnel se traduit directement par une dégradation de la qualité des soins fournis.
Le sous-effectif crée une "dette opérationnelle" en érodant les tâches de fond essentielles à la qualité future.
La capacité tampon, perçue comme du sureffectif, est en réalité une résilience non négociable qui prévient l'effondrement du système.